Depuis notre plus jeune âge, on nous apprend à réprimer nos émotions. « Ne pleure pas, les garçons ça pleure pas » ; ou « ne crie pas », « les filles ça se met pas en colère »…
Nous enregistrons alors que pour être aimés, il ne faut pas faire de vagues avec nos émotions. Je sens l’envie de pleurer, mais je serre les dents et ça passera. Je sens la colère arriver, mais je rentre tout ça en moi, je me mets à faire le ménage frénétiquement, ou à scroller sans fin, je rumine, et…ça passera.
Ou, au contraire, certaines personnes vont se laisser submerger par leurs émotions (parfois parce qu’elles les ont contenues trop longtemps auparavant), et elles deviennent la colère, la tristesse… incapables de faire une différence entre l’émotion passagère et leur identité, possédées par l’émotion.
Dans ces deux cas, les émotions ne trouvent pas leur juste place.
Soit elles sont ignorées, on ferait tout pour ne pas les ressentir ni les vivre, soit elles sont vécues avec trop d’’intensité.
N’y a t-il pas là un apprentissage à faire ?
L’apprentissage de donner à nos émotions leur juste place. Pour cela, il faut d’abord envisager qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions. Que les émotions sont utiles : elles ont un rôle d’indicateur, de messager, pour nous. Elles nous donnent des informations sur notre environnement et comment nous y réagissons. Elles peuvent nous indiquer les limites de ce qui est tolérable pour nous.
Si nous ne prenons pas le temps de les accueillir quand elles arrivent, c’est à dire de les ressentir (« je m’autorise à ressentir cette tristesse qui arrive » par exemple), elles forment une information électrique et neurochimique pour notre cerveau qui sera stockée.
Premier pas pour donner une place à vos émotions : observez quand vous sentez l’arrivée d’une émotion que vous n’avez habituellement pas envie de ressentir : colère, tristesse, frustration, jalousie ; observez votre comportement à ce moment-là, que vous mettez-vous à faire ou à penser pour éviter de SENTIR ? C’est sûrement tellement automatique qu’il peut être difficile de s’en rendre compte…alors observez. Et bientôt, je vous parlerai du deuxième pas à faire pour commencer à accueillir vos émotions.
Le saviez-vous ?
Certaines de nos émotions causent des réactions hormonales dans notre corps : quand vous ressentez de la peur, de la colère, de la honte -même juste en réaction à vos propres pensées et ruminations- votre cerveau reptilien, la partie la plus ancienne de notre cerveau, s’active en ordonnant la sécrétion d’hormones du stress et prépare vos muscles à l’action. Pourquoi ? Parce qu-il ne fait pas la différence entre un danger réel (une attaque au couteau, l’apparition d’un chien montrant les dents devant vous) et un danger crée par vos pensées. (imaginer la conversation conflictuelle que vous allez devoir avoir demain avec votre boss, imaginer qu’il pourrait arriver quelque-chose de terrible à vos proches, etc.)
Donc, quand vous « stressez » en ruminant et en ayant des pensées négatives récurrentes, votre système nerveux et votre corps réagissent, se mettent en mode « fuite ou combat », et il a parfois du mal à réguler de nouveau et repasser en mode « paisible ». C’est comme cela que peuvent apparaître des troubles digestifs, troubles du sommeil qui peuvent devenir chroniques. Parce que la digestion et le sommeil, par exemple, sont régis par une partie du système nerveux qui est inhibée quand on stresse en continu.